Groupe de réflexion éthique
Pourquoi une réflexion éthique ?
Décider
A moins de se déclarer incompétent, le médecin est quotidiennement contraint de juger, de prendre des décisions médicales. Celles-ci ne se réduisent pas à leur conclusion, c'est-à-dire à la prescription. Comme tous les soignants, le médecin se confronte à la complexité de l’être humain, toujours singulier. Sa pratique est toujours empreinte de solitude, d’incertitude et de finitude. Comment l’aider ? Il chemine sur une crête incertaine de versants opposés : personne humaine versus objet de soin, coût des soins versus contraintes budgétaires, souffrance privée versus santé publique. Un temps de réflexion pour une vigilance éthique s’impose.
Ethique
Ethique possède une double origine grecque : êthos (ήθος), le lieu familier de séjour habituel des hommes, et ethos (έθος), l’habitude, la coutume, l’usage. Ce dernier sens s’oppose à la nature humaine dont il faut se méfier : « la nature de l’homme prise en elle-même ne suffit pas pour la recherche des principes ».1
Dans la recherche de principes, de règles, de recommandations pour nous aider à prendre des décisions, nous devons nous méfier car « les éthiques appliquées ne font pas facilement la preuve qu’elles n’entérinent pas les mœurs et les intérêts d’un milieu déterminé (profession ou autre), ou qu’elles n’introduisent pas, sous forme déguisée, un catéchisme quelconque (religieux ou politique) ».2
La structure de base de toute éthique se trouve dans la triade de l’ethos : « souhait de vivre bien, avec et pour les autres, dans des institutions justes ».3 Pour rester dans ce cadre éthique, nous devons confronter régulièrement nos expériences respectives. Ce pourrait être la mission d’un groupe de réflexion éthique au sein de l’hôpital.
1. Aristote, Ethique à Nicomaque, Paris, LGF, « Le livre de poche », 1992, p. 425.
2. Barbara Cassin, Vocabulaire européen des philosophies, Paris, Seuil – Le Robert, 2004, p. 825.
3. Paul Ricœur, « Les trois niveaux du jugement médical », Le Juste 2, Paris, Esprit, 2001, p. 227-243.
Quels thèmes aborder ?
Afin d’être au plus près des réalités, les professionnels, médecins, soignants, techniques et administratifs, de même que les usagers du centre hospitalier, doivent pouvoir interpeller le groupe de réflexion éthique sur des thèmes tels que :
- Le sens du soin,
- La relation clinique, l’annonce d’un diagnostic grave,
- Le consentement, la mise en œuvre d’un traitement,
- Le diagnostic prénatal, la réanimation néonatale,
- La recherche épidémiologique, les dossiers médicaux, le secret médical,
- Les contraintes économiques, l’accès aux soins,
- La souffrance, la maladie grave, la fin de vie.
Fonctionnement du groupe de réflexion
Missions
- Identifier les problèmes éthiques rencontrés,
- Favoriser la réflexion éthique,
- Produire des avis voire des recommandations, de les diffuser en interne,
- Favoriser et soutenir le développement d’une culture éthique.
Composition
De composition multidisciplinaire représentant les différents services hospitaliers, le Groupe de réflexion est placé sous l’égide de la Direction Générale, du Président de la Commission Médicale d’Etablissement, et de la Direction des Soins.
Tous les professionnels du centre hospitalier peuvent faire acte de candidature par lettre motivée et s’engager pour un mandat de trois ans. Trois absences consécutives non excusées aux différentes réunions, équivaudra à une démission.
En fonction des thèmes abordés des personnalités qualifiées apportent leur réflexion.
Saisine et charte
La saisine du groupe de réflexion éthique est ouverte à tous. Dans un premier temps, de façon collégiale, le groupe de réflexion décide d’accepter ou de refuser la problématique qui lui est soumise et en informe la personne qui l’a saisi.
Méthode de travail
Chaque thème comporte :
- L’exposé de la situation problématique,
- L’appui sur des concepts fondamentaux, des situations rencontrées et débattues ailleurs,
- Le développement d’une réflexion vigilante quant à la dimension éthique.
Par exemple, en s’appuyant sur les travaux du philosophe Paul Ricœur, il est possible d’interroger nos intentions et nos initiatives en répondant ce que nous percevons de :
- L'estime de soi,
- L'estime de l'autre,
- L'estime de l'institution4.
D’après un texte des Docteur Charles Jousselin & Docteur Mohamed Tall
4. Paul Ricœur, Approches de la personne », Paris, Revue Esprit, 1990, p. 115-130.
Contacts
Secretariat du Comité d'Ethique
Mme Wendy LAKISSE (poste 9001)
sec.direction@ch-arpajon.fr